Aucune future maman n’est à l’abri d’un accouchement prématuré. Et les chiffres sont en hausse : en France environ 8% d’enfants naissent avant terme.
Un enfant prématuré est un enfant fragile, petit, parfois à peine viable.
Comment protéger ces nouveau-nés et les amener "à terme" en dehors du ventre de leur mère ? Comment s’opère la prise en charge dans les établissements spécialisés ?
Et enfin, quelle est la place accordée aux parents devant des soins souvent lourds et hyper-médicalisés ?
Réponse sur la prématurité qui concerne plus de 60 000 bébés par an.
En France, le nombre des naissances prématurées ne cesse d’augmenter. On estime qu'aujourd'hui 7 à 8% des naissances ont lieu avant terme.
C’est un problème pour les parents qui ne savent pas comment accueillir ce bébé plus fragile que les autres, et qui ont du mal à établir des liens tendres avec leur enfant en couveuse.
Pourtant, il est indispensable que les parents, et notamment la maman, ne soient pas « coupés » des premières semaines de leur enfant. Les médecins s’accordent même à reconnaître que ce sont les parents les meilleurs soignants de leur enfant. Alors que faire pour que l’amour passe quand même ?
> Tout dépend du terme.
Une naissance à terme, c’est une naissance qui se déroule aux alentours de la 39ème semaine de grossesse. On parle de naissance prématurée lorsque l’accouchement se fait avant 37 semaines. Mais - on s'en doute - un bébé né à 37 semaines ne présentera pas les mêmes problèmes qu’un bébé né à 28 semaines.
On définit ainsi quatre grands groupes de prématurés :
- Les prématurés extrêmes : entre 22 et 27 semaines,
- Les grands prématurés : avant 28 semaines,
- Les prématurés sévères : entre 28 et 31 semaines,
- Les prématurés modérés : entre 32 et 36 semaines.
Un bébé prématuré est un nouveau-né dont toutes les grandes fonctions vitales sont immatures. Plus la naissance a lieu tôt, plus l’immaturité des organes risque d’entraîner des séquelles plus ou moins importantes.
C’est la raison pour laquelle le bébé devra être assisté médicalement : pour terminer artificiellement son temps de gestation.
> Les conséquences sur le long terme
Dans la plupart des cas, pour 80% des naissances prématurées, le rattrapage se fait dans les trois premières années. Les enfants atteignent rapidement une taille et un poids normaux.
Les séquelles possibles sont directement liées au degré de prématurité. C’est chez les grands prématurés que les séquelles, à terme, sont les plus fréquentes.
Des infirmités motrices peuvent exister dans 10 à 20 % des cas. Des troubles cognitifs peuvent se faire jour chez des prématurés de moins de 28 semaines. Egalement des troubles du comportement pour 20 à 25 % des enfants (anxiété, hyperactivité, états dépressifs…).
On estime que près de 50% des grands prématurés garderont des handicaps plus ou moins importants, tels que des troubles du langage, des déficits visuels, des troubles de la marche.
Ces séquelles sont liées au degré de prématurité, mais aussi à la qualité des soins reçus. En France, les équipes médicales ont beaucoup travaillé pour mettre en place une meilleure prise en charge du bébé et de sa famille.
Des organes immatures
Contrairement aux autres êtres du règne animal, le petit humain ne sait rien faire et dépend totalement de sa mère. Mais, lorsque la naissance se déroule trop tôt, ce sont ses fonctions vitales qui sont menacées car tous ses organes sont immatures.
> L’appareil respiratoire :
La respiration du bébé prématuré est irrégulière et entrecoupée de pauses. D’où l’importance d’une surveillance rigoureuse.
Ses poumons étant immatures, il manque d’une substance indispensable : le surfactant (une substance qui tapisse les alvéoles pulmonaires). Il faudra donc lui en instiller de façon artificielle.
La MMH (maladie des membranes hyalines) crée une insuffisance respiratoire, autrefois première cause de décès des prématurés.
Une corticothérapie administrée à la maman, dans les jours qui précèdent l’accouchement, permettra d’accélérer la maturation des poumons du bébé et de réduire les risques d’une maladie des membranes hyalines.
> Le foie :
Son foie étant également immature, le prématuré présente plus fréquemment que les enfants nés à terme un ictère (jaunisse).
> L'appareil digestif :
Immature, lui aussi, il ne permettra pas à l'enfant de s'alimenter normalement. Le bébé prématuré devra donc, dans certains cas, être nourri par une sonde. Il n'a en effet ni la force de téter, ni le réflexe de succion ou de déglutition.
> Le système immunitaire :
Il est très fragile, ce qui explique la fréquence et la gravité des infections. C’est ce qui explique également la nécessité de le manipuler dans un milieu aseptisé.
> La température du corps:
La thermorégulation n’est pas encore parfaite car le bébé prématuré est tout petit et donc, très sensible au froid ou à la chaleur. Pour cela, il est placé dans une couveuse, à une température de 34 ou 35° C.
Le bébé doit rester en couveuse jusqu’à ce qu’il pèse 2 kg. Son retour à la maison dépend du terme, de son poids et de sa maturation.
Les grands prématurés
On arrive aujourd’hui à sauver des bébés de plus en plus petits. À 25 semaines, il a une chance sur deux d'échapper au pire. À 32 semaines, c’est 92 % de chances. Cependant, tenter de réanimer et de faire vivre un tout petit prématuré, ce n’est pas sans risques de séquelles. Il faut en effet savoir que 15 à 20 % des grands prématurés souffrent de séquelles.
L’Académie de médecine a pris une position sur les soins à apporter à ces grands prématurés :
> Après 25 semaines, la mise en œuvre des soins destinés à réanimer un nouveau-né se justifie.
> À 25 semaines et moins, ou un poids inférieur à 700g, les séquelles sont importantes (supérieures à 30%). La décision doit être prise au cas par cas, avec l’implication des parents.
L’Académie de médecine recommande, en outre, de prévenir au mieux les détresses vitales et faire face « avec compassion et humanité » si elles surviennent malgré tout. Dans tous les cas, l’obstination ne doit pas tourner à l’acharnement thérapeutique. Et il n’est pas acceptable non plus que l’enfant subisse une agonie prolongée.
Les médecins français ont beaucoup réfléchi et travaillé sur un meilleur accueil des bébés prématurés et de leur famille. En effet, si les apports techniques sont indispensables à la survie d’un bébé prématuré, le lien affectif avec ses parents compte également beaucoup pour son évolution. Plusieurs nouveautés sont donc proposées aux familles :
> Des maternités adaptées aux risques
Il est très important de choisir le lieu de naissance du bébé, en fonction de la prise en charge spécifique qu’il pourra y recevoir. En cas de naissance très précoce, il faudra choisir une maternité équipée d’un service de réanimation, par exemple.
Les maternités sont classées en différents niveaux, en fonction des soins apportés au bébé :
- Maternité de niveau 1 : C’est la majorité des maternités. Elles accueillent les futures mamans dont la grossesse est, a priori, sans risque.
- Maternité de niveau 2 : Ces maternités possèdent un service de néonatalogie et de soins intensifs néonatals sur place ou à proximité. Elles peuvent accueillir des prématurés de 33 semaines et plus.
- Maternité de niveau 3 : Ces maternités disposent d’un service de réanimation néonatale et sont spécialisées dans le suivi des grossesses pathologiques (hypertension artérielle sévère, diabète, etc.) ou multiples. Ces établissements accueillent des prématurés de moins de 33 semaines.
Il est donc très important, avant l’accouchement, de choisir une maternité adaptée à votre cas. Sachant que toutes les maternités sont équipées, quelque soit leur niveau, d’un bloc obstétrical.
Sachant également que toutes les maternités disposent d’un anesthésiste-réanimateur, d’un pédiatre, de sages-femmes.
Dans l'immense majorité des cas, l’équipe médicale n’est pas réduite dans les maternités de niveau 1.
Ce choix de la maternité sera bien sûr guidé par la sage-femme et le médecin qui vous suivent lors de la grossesse.
> Des réseaux de prise en charge
Un peu partout en France se sont développés des réseaux de prise en charge et de surveillance des enfants prématurés et de leurs parents. Ce sont des sages-femmes, des puéricultrices, des pédiatres, des obstétriciens, des psychologues, des orthophonistes et des kinésithérapeutes qui mettent en commun leurs compétences qui collaborent ensemble, sur des protocoles communs, pour mieux prendre en charge le suivi des bébés et pour bien aider les parents.
Ce sont donc des équipes soignantes qui travaillent ensemble, mais aussi des établissements qui mettent leurs équipements en commun, pour une meilleure prise en charge.
Se retrouver, dès la naissance, séparé de son bébé, c’est un vrai cauchemar pour les parents. Et sûrement pour l’enfant...
Si autrefois les parents étaient plutôt considérés comme gênants par l’équipe soignante, ils sont aujourd’hui considérés comme l’élément indispensable pour une bonne prise en charge de l’enfant. Les parents sont maintenant invités à participer activement aux soins. Leur rôle est central et ils sont aidés par les professionnels pour effectuer les mêmes gestes, les mêmes techniques sur leur enfant. Non seulement cela est indispensable à l’établissement d’une relation harmonieuse entre les parents et le bébé, mais cela est également nécessaire pour la prévention des séquelles relationnelles.
> Les unités Kangourou
Les unités Kangourou sont
ces services où parents et enfants sont hospitalisés ensemble. Les hospitalisations ne durent généralement pas plus d’un mois. Mais, ces hospitalisations familiales permettent de créer des liens, des rythmes familiaux, indispensables au développement du nouveau-né.
Les soins Kangourou sont nés en Colombie, à la fin des années 70. C’est le « peau à peau ». Au départ, ces soins étaient destinés à pallier le manque de moyens dans les hôpitaux colombiens. Pas assez de couveuses : on demandait aux mères de garder leur bébé prématuré contre elles, dans leur chaleur à elles.
Depuis quelques années, se sont développées dans des services de néonatalogie français, des unités Kangourou où mère et enfant ne sont pas séparés. La couveuse est installée dans la chambre de la maman. Ce sont les soignants qui se déplacent jusqu’à la mère et non l’inverse. Ces unités Kangourou se développent actuellement.
> Le système Nidcap
Le système Nidcap (Neonatal Individualized Developmental Care Assessment Program) vient des Etats-Unis et existe en France depuis une dizaine d’années. Il s’agit de considérer le bébé comme l’acteur principal de sa propre guérison et d’envisager ses parents comme des collaborateurs actifs.
Concrètement, la priorité est donnée à la qualité de vie du bébé et de sa famille : un environnement moins agressif, une attention plus grande à sa douleur, une alimentation adaptée à sa vie à venir. Les rythmes du bébé sont respectés. Les couveuses sont placées dans des pièces tamisées.
La présence des parents est recommandée. Les frères et sœurs sont également les bienvenus (à condition qu’ils ne soient pas porteurs d’une maladie contagieuse, bien sûr). Le peau à peau est pratiqué. L’allaitement maternel est encouragé. Les parents peuvent (en prenant certaines précautions d’hygiène) manipuler leur enfant, l’embrasser, jouer avec lui.
Ils peuvent introduire des objets à eux dans la couveuse. Les bruits familiers sont favorisés : par exemple, on peut enregistrer la voix des membres de la famille et les faire entendre à l’enfant, dans sa couveuse.
La durée d’hospitalisation semble moins longue dans ces unités Nidcap.
> Le retour à la maison.
Certains parents attendent ça parfois pendant plusieurs mois. Le retour à la maison, après des semaines de couveuse et d’ambiance médicale, ce n’est pas toujours facile. Les parents ne se sentent pas toujours à la hauteur. Pourtant, si les médecins vous autorisent à rentrer chez vous avec votre bébé prématuré, c’est que tout va bien. C’est que vous pouvez faire avec lui, comme avec un bébé normal.
Surtout, n’essayez pas de recréer, chez vous, l’univers aseptisé de l’hôpital. Ne le surprotégez pas trop. Il a besoin de se sentir rassuré pour bien grandir. Il vous faudra seulement bien vous laver les mains avant de le manipuler, éviter les transports en commun un certain temps, de même que les animaux domestiques ou les personnes portant certaines maladies contagieuses (rhume, grippe...).
Mais surtout, sachez que vous n’êtes pas tout seul. Les réseaux sécurité-naissance sont là pour vous aider. Avant la sortie d’hôpital, l’équipe soignante aura informé votre médecin traitant pédiatre ou généraliste, des soins particuliers à apporter à votre enfant. Votre médecin traitant deviendra donc votre premier référent. Une surveillance médicale régulière vous permettra de vérifier la bonne croissance de votre bébé et de dépister, suffisamment tôt, d’éventuelles séquelles que votre enfant pourrait avoir.
Et n’oubliez pas que, ce dont il a besoin en priorité, c’est d’amour et de tendresse. Rien ne vous empêche de pratiquer la méthode Kangourou à la maison et de le garder peau contre peau. Les câlins sont l’un des meilleurs médicaments !
Quels conseils pourriez-vous donner aux parents d’un bébé prématuré ?
Il faut qu’ils connaissent l’importance de leur rôle. Les parents sont les premiers soignants d’un prématuré. Ils sont son premier soutien. Notamment la maman. Il est indispensable qu’elle puisse établir tout de suite, dès la naissance, un lien privilégié avec son enfant.
Autrefois, on considérait que les parents étaient une source d’infection pour le bébé prématuré. Les parents n’infectent pas leur bébé, au contraire, ils sont indispensables à la bonne vie de leur enfant. L’attachement, le lien de la mère et de l’enfant sont primordiaux pour l’enfant. Et quand les parents sont fatigués, stressés, inquiets, perturbés par une hospitalisation angoissante, ils doivent être aidés, soutenus.
Mais quand un enfant se retrouve en couveuse pendant des semaines, le contact n’est pas facile.
C’est vrai. Un bébé prématuré, c’est fragile. Jamais, le contact ne sera le même qu’avec un enfant né à terme. Certains parents se sentent démunis face à un bébé tout petit, oxygéné par des tuyaux, nourri par des sondes, dans une couveuse. C’est normal. C’est à l’équipe soignante de les impliquer, de les rassurer.
Il faut apprendre à ces parents les gestes simples qui leur permettront d’être en lien avec leur enfant. Et il faut privilégier la relation affective. C’est indispensable pour l’enfant. Cela peut diminuer les séquelles.
Les services de néonatalogie sont formés pour ça. Le personnel est très disponible. On sait aujourd’hui l’importance de l’affectif chez le nouveau-né. Les liens doivent pouvoir se tisser, malgré l’environnement médical indispensable.
Et pour le retour à la maison, quels conseils ?
Il faut que les parents se sentent le plus rassurés possibles. Pour cela, les réseaux d’aide sont là sur le long terme. Lorsque l’enfant rentre à la maison, sa vie doit être la plus normale possible. Si les parents sont angoissés, ils doivent pouvoir faire appel aux équipes soignantes des réseaux, à n’importe quel moment, dans n’importe quelle circonstance. Le relais se fait par l’intermédiaire du pédiatre ou du généraliste qui aura été mis au courant du dossier particulier par l’équipe soignante hospitalière.
Des réunions sont organisées régulièrement aussi pour les parents qui le souhaitent. En France, les choses bougent beaucoup dans le domaine de la prématurité.
D’abord la technique permet de sauver des enfants très petits. Mais aussi, justement, on connaît maintenant l’importance de l’implication des parents dès la naissance.
Source : http://sante-az.aufeminin.com/