A priori, chez les diabétiques, le jeûne est généralement interdit. Et même si les diabétiques jeûnent, cela rime souvent avec souffrances et excès.
La première question qu’on doit d’abord se poser est de savoir si un diabétique peut jeûner ou pas.
La majorité des Tunisiens atteints de diabète veulent jeûner pendant le mois de Ramadan.
Et grand nombre d’entre eux ne savent pas quelles sont les précautions à prendre durant les journées d’abstinence. Ils ne savent pas non plus quand le jeûne est absolument interdit aux diabétiques.
Le Dr Doghri, professeur en nutrition, explique :
«Toute personne ayant un taux de glycémie dépassant 1,40 après un repas et un taux de glycémie dépassant les 1,10 en étant à jeun peut être diabétique. Au départ si l’on trouve un taux de sucre dans le sang égal ou supérieur à 1,26 tout en étant à jeun, on peut en déduire que la personne est très probablement atteinte de diabète.
Toutefois, on doit refaire une autre analyse. Parce qu’il arrive que le taux de glycémie augmente occasionnellement. Une fois ce taux confirmé lors de la deuxième mesure, on parle alors de diabète !
Au départ, un diabétique peut ne pas prendre de médicaments. Avec une bonne hygiène de vie et un bon régime alimentaire, il peut garantir une vie plus ou moins normale s’il a un taux de glycémie entre 1,26 et 1,40. Mais au-delà de 1,40, on parle déjà de diabète de type II.
Là, il s’agit d’un durcissement de toutes les artères du corps qui ne peut être réglé qu’avec une éducation sanitaire.
En ce qui concerne le mois du jeûne, plusieurs diabétiques tiennent à jeûner indépendamment de leur état de santé. Ils doivent pourtant comprendre que même si Ramadan est l’un des piliers de notre religion islamique, un diabétique a une raison très valable pour ne pas jeûner.
Cela ne peut en aucun cas être considéré comme un péché !
Et c’est à la famille, à l’entourage et au médecin traitant que revient la tâche de rassurer ce malade et de le convaincre de ne pas jeûner s’il n’atteint pas un taux de sucre équilibré avant Ramadan.
Toutefois, il n’est pas interdit à tous les diabétiques de jeûner.
Certains le peuvent mais pour ce faire, ils doivent d’abord faire leurs analyses au préalable, être préparés psychiquement et doivent surtout avoir un état de santé qui leur permet de jeûner.
Et c’est au médecin de trancher. Par exemple, un diabétique obèse peut jeûner parce que le jeûne peut l’aider à se débarrasser du surpoids. Mais il doit être suivi par son médecin tout au long de son jeûne et ses repas doivent surtout être diététiques.
Un diabétique de type I qui jeûne doit décaler son dernier repas à, à peine, quelques minutes avant le s’hour. Ce repas doit être absolument à base de sucres lents. Il est recommandé qu’il continue à consommer le même genre d’aliments auxquels il a droit en temps normal pendant la rupture du jeun.
Quant aux diabétiques de type II qui reçoivent de l’insuline, ils ne peuvent pas jeûner sauf avis contraire du médecin traitant. Et s’ils jeûnent, ils sont redevables de contrôler de manière permanente le taux de leur glycémie en étant à jeun et 2 heures après l’Iftar.
En revanche, il est formellement interdit aux diabétiques souffrant d’autres affections ou d’autres infections de jeûner.
Les femmes enceintes et qui allaitent, les sujets très âgés et les personnes opérées et atteintes de diabète ne doivent absolument pas jeûner. C’est d’ailleurs en jeûnant qu’ils commettront un péché ! De plus, il est préférable d’avoir le numéro de téléphone du médecin pour qu’il puisse le joindre en cas de malaise.
Si un diabétique à jeun a un malaise allant des sensations de vertige, aux grandes fatigues et en passant par l’évanouissement, la sueur, la très grande faim, les tremblements, etc. il faut doser sur-le-champ son taux de glycémie. Si cela s’avère impossible, on peut considérer qu’il s’agit d’une hypoglycémie jusqu’à preuve du contraire.
Là, on donne au patient illico de l’eau et un sucre rapide : sucre, bonbon, jus, soda, gâteau, etc. jusqu’à la disparition du malaise.
Ensuite on lui donne un sucre lent : pain, pâte, riz, etc. Si son état ne se stabilise pas, il faut consulter un médecin ou un service d’urgence.
Cela dit, je dois dire que généralement, un diabétique a honte de manger durant le mois de Ramadan. Il est très affecté de son impuissance à suivre Ramadan, sa famille doit donc banaliser le problème et lui dire sans cesse qu’il a le droit de manger sans se sentir coupable».
Source : http://www.tunisia-today.com