Toute cicatrice qui n’a pas les caractéristiques de la peau normale peut être améliorée par une kinésithérapie adaptée dont le but est d’assouplir, défibroser la cicatrice et les tissus péri-cicatriciels,et d’éviter les cicatrices vicieuses.
Pourquoi une kinésithérapie des cicatrices :
L’évolution de la cicatrice est essentielle pour nous puisqu’elle conditionne notre intervention : notre action aura pour but de limiter la poussée inflammatoire, donner le maximum de souplesse et améliorer les échanges de la région cicatricielle.
Cette kinésithérapie peut être mise en place avant ou après la chirurgie:
- avant la chirurgie, elle permet dans le meilleur des cas d’éviter la reprise chirurgicale qui créerait de toute façon une autre cicatrice.
Si celle-ci doit avoir lieu, elle est en principe différée à 9 mois ou 1 an puisque l’évolution de la cicatrice est longue.
Nous pouvons alors mettre ce temps à profit et présenter au chirurgien une cicatrice et un tissu péri-cicatriciel les plus souples possibles.
- après la chirurgie, l’action de la kinésithérapie est anti-oedémateuse et anti-rétraction. Il faut obtenir un résultat fonctionnel et esthétique maximum en diminuant la rançon cicatricielle.
Les principales cicatrices pathologiques rencontrées en cabinet :
-les cicatrices chéloïdiennes regroupent les cicatrices hypertrophiques et les cicatrices chéloïdes.
Ce sont des cicatrices à poussée inflammatoire importante et décalée dans le temps.
La poussée inflammatoire peut démarrer seulement au 6ème mois jusqu’à 2 ans.
Ces cicatrices sont très colorées, en relief, à collagène abondant, désorganisé et immature.
Les cicatrices hypertrophiques sont distinctes des chéloïdes par leur évolution : elles évoluent spontanément vers la régression au bout de 13 à 18 mois et évolueront en cicatrices indolores et déprimées.
Les cicatrices chéloïdes n’ont aucune tendance à s’améliorer spontanément.
-les cicatrices rétractiles intéressent la peau et les tissus sous-cutanés mais respectent les tissus sous-jacents.
Elles peuvent gêner la fonction ou déformer un orifice naturel.
Ces cicatrices sont dites rétractiles parce qu’elles sont orientées dans une direction perpendiculaire aux lignes de tension maximale.
Leur tendance naturelle va vers l’aggravation : le conjonctif est mis sous tension et ceci entraîne microtraumatismes et micro-hémorragies intracicatriciels générateurs de rétraction ...et ainsi de suite. Notre intervention sera soigneusement dosée pour ce type de cicatrices.
-les cicatrices adhérentes aux plans sous-jacents. ( ex : cicatrices de thyroïdectomie ou de césarienne ).
-les brides cicatricielles endobuccales des muqueuses de la cavité buccale et de la langue.
Quand prendre en charge ces cicatrices ?
Le plus précocement possible.
- avant l’ablation des points, une prise en charge précoce permet, outre de ralentir la fibrose, d’éviter l’installation d’adhérences qui peut être très rapide en chirurgie ORL surtout.
- après l’ablation des points, le délai idéal se situant dans les trois premiers mois, la kinésithérapie dure de 45 à 60 jours et se fait donc pendant la période inflammatoire maximum de la cicatrice. La fréquence est de 2 séances par semaine.
On peut effectuer des cycles de 15 séances suivis de 10 jours de repos pendant lesquels la cicatrice continuera d’évoluer seule.
Les Techniques :
- Le drainage lymphatique manuel. Est utilisé avant l’ablation des points et est très efficace seulement si l’écoulement de la lymphe n’est pas entravé par une cicatrice profonde et circulaire. Il est indiqué principalement en post-opératoire immédiat et en chirurgie esthétique.
- Les massages.
Ensemble de manœuvres classiques et variées qui cherchent à assouplir la cicatrice, voire à rompre les brides :
. les pétrissages : assouplissement.
. les pincers de Leroy-Jacquet : défibrosant.
. les étirements orthodermiques de Morice : à réserver aux cicatrices de plus de 21 jours. Attention au risque de désunion des berges.
. le pincer-roulé ( ou manœuvres de Wetterwald ) : décollement.
- Les massages au bâtonnet : pour les petites cicatrices ( paupières ). Le bâtonnet servant de point d’appui, le massage est plus précis.
- La vacuothérapie ou dépressothérapie : la peau est mobilisée à l’aide d’une ventouse dans laquelle on crée le vide.
Cela nous permet de combiner plusieurs techniques de massage en majorant leur effet par le vide créé dans la ventouse : il y a forte coloration de la peau.
L’hyperhémie signe un accroissement des échanges. On peut utiliser :
. des ventouses de calibres différents en fonction des régions à traiter.
. des pressions différentes :
- à 150-200 mm Hg : on augmente la perméabilité capillaire. Pression peu utilisée ou alors en carcinologie.
- de 400 à 500 mm HG : effet anti-rétraction. ( cicatrices rétractiles )
- de 600 à 800 mm Hg : effet de décollement. (cicatrices adhérentes)
. des techniques différentes : soit on effectue des manœuvres locales avec mobilisation de proche en proche en décollant la ventouse chaque fois, en associant ou non une torsion, soit la manœuvre se fait en glissé auquel on peut ajouter une torsion et une rotation même sur la zone péri-cicatricielle.
On peut également reproduire un mouvement de vagues apparenté au palper-rouler.
- Les douches filiformes : il s’agit de jets à haute pression mis en œuvre à l’origine dans le traitement des grands brûlés.
On peut adapter leur utilisation en cabinet en diminuant leur effet décapant. Les indications sont les cicatrices traumatiques, les cicatrices chéloïdes et les cicatrices vieillies à évolution fibreuse et rétractile.
Il existe des effets physiques liés à la haute pression : micromassage cutané punctiforme; diminution du prurit; diminution de l’hyperesthésie superficielle et amélioration de l’épidermisation; nivellement des inégalités de surface par dermabrasion; éclaircissement de la cicatrice; augmentation de la mobilité par rapport aux plans sous-jacents.
- Les compressions : elles visent à ralentir la circulation sanguine dans la cicatrice pour éviter l’hyperproduction de fibres de collagène.
Elles doivent se limiter à la seule cicatrice, ne pas être traumatisantes, être faciles à installer par le patient, ne pas générer d’allergies.
Elles peuvent être rigides ou souples (gels de silicone : médical Z, cicacare, mépiform)
Source : http://www.aktl.org