La dépression, maladie de l’âme et du corps, est aussi une affaire d’hommes. Mais ses manifestations extérieures sont différentes d’un sexe à l’autre… Comment la reconnaître ? Quels changements doivent alerter le conjoint ou les proches ? Apprenez à discerner les premiers signes de ce mâle-être…
Il y a les tristes et les insomniaques, les obsessionnels et les hypocondriaques, les hyperactifs et les violents : la dépression masculine est multiforme et pas toujours facile, pour le dépressif ou ses proches, à identifier.
Des évènements critiques
Parce que les femmes sont plus contemplatives et les hommes plus actifs, ces derniers croient être moins facilement sujets à la dépression. Pourtant, dans notre société concurrentielle, où chacun doit être beau et en bonne santé, réussir professionnellement et dans ses relations amoureuses, ce n’est pas rare d’être victime d’un syndrome dépressif.
Si les femmes investissent davantage dans la réussite de leur vie de couple et l’épanouissement de leurs enfants, les hommes, eux, se tourmentent pour leur avenir professionnel. En cas d’échec de leurs ambitions, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes se ternit : ils perdent progressivement confiance dans l’ensemble de leurs capacités, notamment sexuelles.
A l’origine des dépressions masculines on trouve également les ruptures de couples. Lorsque la séparation est demandée par la femme, les hommes croient leur virilité remise en question ; comme ils obtiennent rarement la garde de leurs enfants, ils se sentent dépouillés affectivement.
Ils éprouvent une véritable détresse à être écartés de ces enfants pour lesquels ils ne sont meilleurs qu’à “payer” (une pension alimentaire).
Culpabilisés par le jugement de divorce qui est aussi celui de la société, ils maintiennent avec difficulté un lien affectif avec leurs enfants, en les voyant épisodiquement, lors du “droit de visite” concédé : de quoi renforcer le sentiment d’échec !
Des dépressions inattendues
Comme chez les femmes, une dépression peut survenir sans raison apparente : elle anticipe seulement sur des angoisses inconscientes.
Ainsi, la baisse de puissance sexuelle en est une source fréquente aux alentours de la cinquantaine ; le deuil d’un proche, notamment d’un ascendant, peut provoquer, par contrecoup, un sentiment de culpabilité à lui survivre, qui se transforme en syndrome dépressif.
L’irruption de nouvelles responsabilités dans le travail, vécue consciemment comme un succès, est aussi une cause possible de dépression, parce que l’individu a peur inconsciemment de ne pas être à la hauteur, ou bien il s’interdit de jouir de sa réussite !
Pas le droit de craquer…
Les hommes, selon les codes sociaux traditionnels, ne pleurent ni ne “craquent” en public, sous peine d’être taxés de faibles ou d’efféminés.
Non seulement ils n’extériorisent pas leur mal-être par des larmes, mais beaucoup d’entre eux ne reconnaissent pas leur propre défaillance. En prétendant avoir plus de force qu’ils n’en ont réellement, en enfouissant au plus profond d’eux-mêmes leur souffrance, ils ne font que la refouler.
Pour s’exprimer, la souffrance se transforme alors en symptômes physiologiques ou en perturbations du comportement : tel individu ne s’arrête de travailler que pour se consacrer au sport, ne laissant plus de place pour une vie affective ou familiale ; tel autre augmente ses doses de consommation d’alcool et devient agressif avec son entourage ; tel autre se voit accablé d’une maladie chronique ; tel autre encore, ne dort plus que trois heures par nuit, à moins qu’au contraire il ne se réfugie dans le sommeil…
Identifier pour mieux soigner
La dépression n’est pas une maladie honteuse. Elle est le résultat d’une dégradation de sa propre image, ou d’une accumulation de stress. C’est à chacun d’évaluer, en fonction des modifications de son comportement sur plusieurs mois, les signes d’une éventuelle dépression.
Car, heureusement, tous les hyperactifs ou les insomniaques ne sont pas dépressifs ! Une fois diagnostiqué, le syndrome dépressif se soigne de différentes manières : psychothérapie, psychanalyse, antidépresseurs, désintoxication alcoolique…
En cas de doute, mieux vaut consulter plutôt qu’attendre d’aller mieux. Comme toute maladie, la dépression ne se soigne pas à coup de remède miracle, mais exige une véritable prise en charge par des spécialistes.
Source : http://www.doctissimo.fr