Le sperme étant un symbole de la puissance masculine, nombre d’hommes “se regardent éjaculer” avec inquiétude et trouvent leur émission trop précoce ou trop tardive, trop abondante ou pas assez, présentant un drôle d’aspect, etc.
D’où cette petite mise au point sur les idées reçues qui peuvent gâcher le plaisir… mais aussi les vraies difficultés susceptibles de survenir à tout âge.
Le sperme est fabriqué dans les testicules
Faux. Les testicules produisent les spermatozoïdes, mais le liquide séminal nécessaire à leur survie est fabriqué par la prostate et les vésicules séminales (deux glandes situées en arrière de la vessie et de la prostate).
Sitôt fabriqués, les spermatozoïdes remontent donc lentement par l’épididyme (long canal contenu dans les bourses avec les testicules) jusqu’aux vésicules séminales. Au moment de l’éjaculation, ces deux glandes se contractent et éjectent le sperme ainsi formé dans les canaux déférents.
L’éjaculat transite ensuite par la prostate avant d’être expulsé par l’urètre. C’est la mise sous tension de la cavité de la prostate qui indique que l’éjaculation est imminente, précédant de quelques secondes le “point de non-retour’”.
10 % des hommes éjaculent précocement
Faux. Un homme sur trois, et non un sur dix, éjacule involontairement sans l’avoir désiré : soit avant la pénétration (“ante portas”), soit simultanément ou juste après. Le simple fait de pénétrer sa partenaire est déjà perçu comme tellement excitant (et peut-être angoissant ou interdit) que cela suffit à déclencher l’orgasme.
Il pourrait s’agir d’une vulnérabilité biologique
Vrai. On a longtemps considéré que l’éjaculation précoce relevait d’un problème émotionnel, le stress, la fatigue, l’anxiété ou la culpabilité compromettant le contrôle de l’excitation.
Mais le fait qu’il existe des familles où pères et fils sont concernés évoque aussi un facteur génétique. Il est vraisemblable que certains hommes héritent d’une vulnérabilité à l’éjaculation rapide, qui se manifeste ensuite ou non selon le contexte
Le problème peut venir de la thyroïde
Vrai. Les troubles sexuels sont fréquents chez les hommes atteints d’un dysfonctionnement de cette glande. Quand elle produit trop d’hormones (hyperthyroïdie), on constate une fois sur deux des problèmes d’éjaculation précoce.
Plusieurs études ont prouvé qu’il suffit de traiter cette hyperthyroïdie pour que 3 hommes sur 4 retrouvent une durée de rapport normale. Si le problème est d’apparition récente, cela vaut donc la peine d’en parler à son médecin, car une simple prise de sang suffit pour poser le diagnostic.
Il n’existe aucun médicament contre l’éjaculation précoce
Faux. Les méthodes psychocorporelles, qui apprennent à maîtriser l’excitation et à prolonger le plaisir, n'offrent pas l’unique recours pour vaincre ce trouble. Elles peuvent être renforcées par des préservatifs spéciaux et des produits en spray ou en crème qui "anesthésient" la verge.
Plus récemment, les scientifiques se sont rendus compte que l’injection d’un antirides, l’acide hyaluronique, était également efficace pour désensibiliser le gland.
Quand toutes les autres solutions ont échoué, les médecins ont également pris l’habitude de prescrire de petites doses d’antidépresseurs. Ces médicaments ont une action “retardante” bien connue, parce qu’ils agissent sur un neurotransmetteur, la sérotonine, qui est le principal frein de l’excitation sexuelle. Enfin, une toute nouvelle molécule, la dapoxetine, dérivée des antidépresseurs IRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), vient pour la première fois d’être commercialisée expressément pour lutter contre l’éjaculation précoce.
Elle n’est encore disponible qu’en Suède et en Finlande, mais ne devrait plus tarder à arriver chez nous.
Tout traitement doit être pris à vie
Vrai et Faux. Lorsqu’il n’y a pas de cause organique à la difficulté érectile, l’utilisation de la dapoxetine, tout comme celle des médicaments sexo-actifs, devrait s’apparenter à un coup de pouce de quelques mois pour aider à passer un cap, le temps d'assimiler les techniques psychocorporelles nécessaires au traitement du problème.
En effet, on ne peut pas régler une difficulté sexuelle souvent complexe par la seule prise d’un médicament ; pour en guérir vraiment, on a intérêt à travailler sur toutes ses composantes. Si l'on se contente d'avaler une pilule, on risque effectivement de devoir la prendre à vie.
La fréquence des rapports n’influe pas sur la quantité de sperme
Faux. Même si le sperme est fabriqué en continu, un peu comme le sang, sa quantité peut être diminuée lorsqu’on a plusieurs rapports dans la même journée. A l’inverse, son volume augmente jusqu’à 6 jours d’abstinence puis se stabilise au-delà.
En moyenne, l’homme expulse 3 à 5 millilitres d’éjaculat, mais les extrêmes peuvent aller de 1 à 7 ml. L’aspect du sperme varie aussi selon les jours : sa couleur, plus ou moins claire, son odeur et son goût changent notamment avec l’alimentation.
Si la force du jet diminue, il faut s’inquiéter
Faux. Tout dépend pour commencer de son anatomie, et en particulier de sa musculature. En effet, l’éjaculat est projeté à l’extérieur, au moment de l’orgasme, grâce à 3 à 5 contractions des différents muscles qui entourent les glandes et conduits génitaux.
La puissance du jet a donc naturellement tendance à diminuer avec l’âge ou la prise de poids, lorsque les muscles perdent de leur tonicité… à moins que l’on ne continue à exercer son périnée.
La prise de médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs) ou des troubles hormonaux (baisse de la testostérone) peuvent aussi diminuer la force du jet, de même que le simple fait d’être un peu déshydraté, ce qui rend le sperme plus sec.
Certains hommes souffrent de “pannes” d’éjaculation
Vrai. Il arrive que l’éjaculat soit “retardé” de manière non volontaire et survienne avec difficulté. Ce phénomène d’origine psychologique est en général lié à la prise de médicaments (antidépresseurs, neuroleptiques, hypotenseurs), d’alcool ou de drogues.
Parfois, l’éjaculation est carrément absente. Si l’homme ressent malgré tout un orgasme, il s’agit le plus souvent d’une cause organique : malformation congénitale, absence de sperme (insuffisance hormonale), ou encore éjaculation rétrograde, le sperme étant expulsé à l’intérieur du corps, dans la vessie, parce que le petit muscle (sphincter) qui ferme le canal entre la prostate et la vessie est lésé ou à cause d’une atteinte du nerf (diabète, affections neurologiques).
Quand l’anéjaculation s’accompagne d’une absence d’orgasme , un blocage psychologique est presque toujours responsable : événements de vie, conflits dans le couple, inhibitions sexuelles, peur des femmes ou de la paternité, etc.
Certains hommes ont ainsi des “éjaculations sélectives” : celles-ci se produisent seulement dans certaines situations (lors d’une masturbation et non lors d’un coït, par exemple), avec certains fantasmes ou certaines partenaires.
En cas d’éjaculation douloureuse, il faut consulter
Vrai. Il arrive parfois, même si c’est très rare, que la douleur soit uniquement due au stress. Mais le plus souvent, c’est le signe d’une infection de la prostate ou d’une autre partie de l’appareil uro-génital (épididyme, vésicules séminales, voies urinaires, etc.). La douleur peut aussi provenir de calculs dans les canaux excréteurs…
Source : http://www.femina.fr