Qu’est-ce que c’est ?
L’éjaculation retardée est, par définition, une difficulté persistante ou récurrente à parvenir à l’orgasme, en dépit d’une phase d’excitation sexuelle normale.
La notion « d’excitation sexuelle normale » est cependant sujette à interprétations.
En pratique, l’homme est obligé de faire des efforts de concentration et a, généralement, besoin de stimulations intenses et prolongées pour parvenir à éjaculer.
Dans certains cas, l’homme ne parvient à éjaculer que lorsqu’il est seul (par la masturbation) ou avec une pénétration très prolongée.
L’anéjaculation coïtale (impossibilité d’éjaculer lors de la pénétration) est pour certains une forme extrême d’éjaculation retardée.
On distingue l’éjaculation retardée primaire (depuis toujours) de l’éjaculation retardée (apparue après une période sans difficulté d’éjaculation).
Elle peut être aussi qualifiée de permanente ou globale, si elle existe dans toutes les circonstances, ou de transitoire (ou situationnelle) lorsqu’elle ne se produit que dans certaines situations.
Qu’est-ce qui se passe ?
L’éjaculation se produit normalement en deux phases. La phase d’émission dans laquelle le sperme en provenance des testicules et des vésicules séminales se rassemble dans l’urètre postérieur au niveau de la prostate.
Cette phase est aussitôt suivie de la phase d’expulsion, dans laquelle le sperme est projeté à l’extérieur du pénis sous l’effet conjugué de la relaxation du sphincter urinaire externe (décontraction du muscle circulaire qui entoure l’urètre), de la fermeture du col vésical (pour empêcher que le sperme ne parte en arrière vers la vessie (éjaculation rétrograde) et de la contraction rythmique des muscles striés du plancher pelvien et des muscles bulbo-spongieux.
Le réflexe éjaculatoire peut être déclenché par des stimulations provenant du gland du pénis et par l’excitation mentale, dans une proportion variable.
Il existe aussi des structures neurobiologiques dans le cerveau qui peuvent empêcher l’éjaculation (centres inhibiteurs).
Cela explique que certains patients souffrant d’éjaculation retardée puissent s’améliorer grâce au traitement psycho-sexologique.
Parmi les nombreux neurotransmetteurs susceptibles d’interférer avec le mécanisme de l’éjaculation, la sérotonine ( 5-hydroxytryptamine ou 5-HT) a particulièrement retenu l’attention des chercheurs, certains de ses récepteurs facilitant (expérimentalement chez le rat) l’éjaculation alors que d’autres la retarde.
En pratique, on a pu observer que la prise chronique (pendant une longue période) d’IRSS, des médicaments antidépresseurs qui ont la particularité de diminuer la recapture de la sérotonine, allonge le temps de latence éjaculatoire (délai entre le début de la pénétration et l’éjaculation).
Quel est le traitement ?
Un bilan sexologique approfondi doit être réalisé. Le thérapeute va devoir évaluer comment évolue l’excitation sexuelle perçue (mentalement) au long du rapport sexuel.
On demande à l’homme de prendre conscience des fluctuations de son excitation.
D’être capable d’évaluer (par exemple sur une échelle de 1 à 10) son excitation initiale, au moment de débuter un acte sexuel, puis pendant le rapport sexuel, en fonction des différentes pratiques sexuelles (faites ou reçues), du comportement de la partenaire (mais aussi la perception de son excitation, son engagement dans l’acte, ses attentes).
On évalue aussi l’écart éventuel entre les actes réellement effectués et les préférences ou fantasmes personnels.
Le niveau d’anxiété, la pression de performance imposée (par soi-même ou par la partenaire), le niveau de ressentiment (ou de colère réprimée) envers la partenaire seront également mesurés, en raison de leur caractère anti-érotique.
Si des conflits intra-personnels ou inter-personnels non résolus existent, un travail sera effectué, en analyse ou en thérapie de couple. Il n’existe pas, à ce jour, de consensus sur la prise en charge de l’éjaculation retardée, ce qui traduit la nécessité du traitement personnalisé, adapté à chaque couple.
Source : http://sante.lefigaro.fr