Un projet qui traîne dans les starting-blocks
La science a toujours ceci de bon qu'elle apporte des solutions aux problèmes de santé menaçant le genre humain et atténue la souffrance physique et morale de ceux qui se trouvent, du jour au lendemain, en proie à la maladie.
Cela fait quinze ans que les laboratoires Roche testent un nouveau produit médical, ayant pour but de faire face aux cancers, en stabilisant les cellules cancéreuses à un stade primaire de la maladie.
Ce traitement s'annonce, ainsi, comme un palliatif à la chimiothérapie, utilisable en cas de cancer dépisté à un stade précoce et sur une période de deux ans.
Et voilà qu'il y a plus d'un an, les tests ont fini par s'accorder sur son efficacité, autorisant ainsi les sociétés de produits médicaux et les laboratoires à le produire et à le commercialiser.
Ce produit innovant a de fortes chances d'être fabriqué en Tunisie. Il faut dire que l'intention y est et que les compétences tunisiennes ne manquent pas pour une telle expérience industrielle.
L'idée a été proposée par le Dr Mohamed Ali Ben Ammar, chirurgien réanimateur et professeur à la faculté de Médecine de Zurich en Suisse.
Chef conjointement d'une entreprise médicale dans ces contrées, il a réussi à dissuader son partenaire d'implanter une société de produits médicaux et de fabrication et exportation de ce traitement innovant dans un pays tiers et d'opter, plutôt, pour la Tunisie comme site de production.
"Lorsque ma partenaire, Mme Nadine de Villiers, m'a proposé d'investir dans un pays tiers et néanmoins voisin, je me suis dit : pourquoi pas la Tunisie ? Je voulais absolument faire quelque chose d'utile pour mon pays", nous confie le Dr Ammar.
Le produit anticancéreux est fabriqué à partir d'une substance qui sera importée de France. Certes, la matière première est disponible en Tunisie.
Toutefois, elle ne l'est pas en quantité suffisante. Le Dr Ammar précise que le produit pourrait se transformer en une substance nocive dans le cas où la matière première était insuffisante.
Et, comme tout médicament, il présente certains effets indésirables, notamment la nausée ou encore le risque d'une prolifération de la tumeur en cas de prise à un stade avancé de la maladie. "Le risque d'un effet inverse à celui escompté est de l'ordre de 20%, surtout chez les femmes âgées entre 40 et 60 ans", précise notre interlocuteur.
Obstacles
Injustifiés
La production, en Tunisie, de ce produit anticancéreux serait donc assurée par la société Nansy de Tunisie. Il s'agit d'une nouvelle société qui serait spécialisée dans la fabrication de seringues jetables contenant le produit en question et destinées totalement à l'exportation.
L'usage du conditionnel s'impose, puisque, depuis près d'un an, les chefs du projet n'ont toujours pas réussi à obtenir l'autorisation du ministère de la Santé publique. Pis encore : ce dossier a été mis en stand-by pour plusieurs raisons, et cela bien avant la révolution.
" Si l'ex-ministre de la Santé publique a salué l'initiative de ce projet, d'autres événements l'ont entravé, comme la mise en place de l'association "Saïda" de lutte contre le cancer et la propagande que cette dernière tenait à faire autour d'elle-même, à l'exclusion de tout événement médical digne d'intérêt. D'autant plus que Mme Saïda Agrebi nous a contactés pour tenter de s'approprier une part du projet", indique le Dr Ammar.
Actuellement, le projet se trouve donc à la merci d'une autorisation qui tarde à venir.
Pourtant, le bénéfice pour notre pays est triple : premièrement, la Tunisie compterait parmi les pays producteurs et exportateurs de ce produit médical innovant et fraîchement commercialisé en Europe. Deuxièmement, le pays qui se trouve en phase de transition capterait de nouveaux investissements et de nouveaux marchés internationaux.
Troisièmement, ce projet permettrait d'enrichir le marché de l'emploi. "La société démarrera son activité grâce à la contribution de 150 cadres tunisiens, dont des médecins, des pharmaciens, des ingénieurs et des techniciens supérieurs.
Ces cadres bénéficieront des avantages et droits conformes aux normes respectées dans la société analogue en Suisse.
Ils auront, en outre, droit à des stages de formation continue ainsi qu’à des stages à l'étranger, et ce, afin d'être toujours au diapason des nouveautés scientifiques et médicales. Nous avons déjà commencé à recevoir les CV, dont certains sont très intéressants. D'ailleurs, seule la compétence sera déterminante dans le recrutement", ajoute notre interlocuteur.
Source : http://www.lapresse.tn |