Près des deux tiers des cancers du sein sont dits hormonodépendants, c'est-à-dire que certaines hormones favorisent leur croissance.
Logiquement, les traitements cherchent à priver les tumeurs de ce "carburant", mais certaines réussissent à trouver une parade. Pour ces femmes, un médicament déjà utilisé face au cancer du rein offre un nouvel espoir.
La combinaison de deux médicaments existants contre le cancer pourrait aider les femmes ménopausées atteintes d'un cancer du sein résistant au traitement hormonal. Ces résultats ont présentés dans le cadre du congrès multidisciplinaire sur le cancer 2011 à Stockholm.
Cancer du sein : le casse-tête de l'hormono-résistance
Les hormones (estrogène ou progestérone) favorisent la croissance d'environ deux tiers des cancers du sein.
La stratégie thérapeutique consiste alors à priver la tumeur de ces hormones. Dans le cas d'une sensibilité aux estrogènes, les hormonothérapies bloquent alors leurs effets ou réduisent leur taux.
Les deux principales classes de médicaments les plus utilisés actuellement sont les inhibiteurs d'aromatase et les anti-œstrogènes : Les inhibiteurs de l'aromatase (anastrozole, létrozole et exémestane) diminuent la quantité d'estrogènes produite et aident à ralentir ou inverse la croissance de la tumeur.
Les anti-œstrogènes sont de deux types : les SERMs (tamoxifène…).et les anti-œstrogènes purs (fulvestrant). Mais de nombreuses patientes (et pratiquement toutes celles qui ont vu leur cancer se propager à d'autres organes - métastases) développent une résistance à ces traitements. Dans ce cas, les choix s'orientent vers une autre classe d'hormonothérapie ou une chimiothérapie, avec des résultats limités.
Afinitor ®, du cancer du rein au cancer du sein L'évérolimus (Afinitor ®) est un traitement éprouvé pour le cancer du rein récurrent avancé et vient d'obtenir une mise sur le marché européen pour les des tumeurs neuroendocrines du pancréas à un stade avancé.
Ce médicament est un inhibiteur sélectif de mTOR (mammalian target of rapamycin -cible de la rapamycine chez les mammifères) dont l'activité est connue comme étant dérégulée dans de nombreux cas de cancers humains.
En bloquant cette protéine, l'évérolimus empêche la division cellulaire et réduit l'alimentation en sang des cellules cancéreuses. Il est aujourd'hui employé pour bloquer des stratégies mises en place par la cellule cancéreuse pour résister aux traitements conventionnels.
Une vaste étude BOLERO-2 a été mise en place afin de juger de l'efficacité de l'évérolimus chez des patientes atteintes d'un cancer du sein et ayant développé une résistance aux inhibiteurs de l'aromatase (létrozole ou anastrozole).
Recrutées dans 24 pays, 724 femmes ont été réparties en deux groupes : les premières ont reçu de l'exémestane (Aromasine ®) et de l'évérolimus, le second groupe l'exémestane et un placebo.
L'essai a été interrompu prématurément lorsqu'une analyse intermédiaire a révélé que la maladie n'avait pas progressé pendant près de 11 mois chez les patientes recevant évérolimus, alors que ce délai n'était que de 4 mois dans l'autre groupe.
Les effets secondaires dans le groupe traité avec évérolimus ont été plus importants mais ont pu être gérés : une inflammation de la muqueuse buccale (stomatite 8 % vs 1 %), un manque de globules rouges ou anémie (5 % contre <1 %), une difficulté respiratoire (dyspnée 4 % vs 1 %), un taux de sucre trop élevé dans le sang (hyperglycémie 4 % vs <1 %), fatigue (3 % vs 1 %) et pneumopathie (3 % vs 0 %).
Les données de qualité de vie des femmes qui restent sous traitement sont identiques dans les deux groupes (le nombre d'abandons est cependant plus important dans le groupe avec évérolimus que sans, respectivement de l'ordre de 7 % vs 1 %).
La durée du suivi n'a pas permis pour le moment de constater de bénéfice en termes de durée de vie gagnée (survie globale).
Mais pour José Baselga de la Harvard Medical School de Boston, directeur de l'étude, "Ces résultats sont impressionnants et pourraient représenter une nouvelle option thérapeutique pour les femmes ménopausées avec un cancer avancé, qui ont été soumises précédemment à un traitement hormonal".
Le laboratoire Novartis, sponsor de l'étude, prévoit de soumettre d'ici la fin de l'année des demandes d'homologation de l'évérolimus dans cette indication.
Source : http://www.doctissimo.fr |