Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est une maladie qui peut se révéler très invalidante. Elle survient chez l’enfant ou chez l’adulte et altère gravement leur qualité de vie, mais bonne nouvelle, elle se soigne et se guérit.
Reconnaître le TOC
« Nous avons tous nos petites manies, mais nous ne souffrons pas pour autant de TOC », explique le Pr Michel Lejoyeux. « Pour parler de trouble obsessionnel compulsif, il faut qu’il y ait un envahissement de l’esprit avec des idées fixes et des images obsédantes (ou obsessions) et des compulsions rituels que le patient ne peut s’empêcher d’accomplir sous peine de malaise ou d’angoisse ».
Parmi les TOCS les plus courants, on rencontre :
- L’obsession de contamination
Florence, jeune femme dynamique passe la journée à se laver les mains, persuadée que tout son environnement est souillé par une armée de microbes.
Cette obsession la plus fréquente consiste en une crainte de contamination par des germes d’où un rituel de lavage excessif.
- L’obsession de doute ou d’erreur
Magali ne peut s’empêcher de vérifier sans cesse la fermeture des portes, de la lumière et du robinet de gaz.
Deuxième par ordre de fréquence, cette obsession peut prendre toutes les formes à partir du moment où un doute s’est installé : peur de ne pas avoir compris ou d’avoir oublié, d’avoir mal lu, d’avoir perdu un objet…
- L’obsession agressive
Louis cache couteaux et ciseaux, car il est terrifié à l’idée d’être violent avec sa famille et de tuer un proche.
Le sujet ressent une peur intensive de passer à l’acte, il est dans les craintes d’agression, de violence.
Ne pas confondre Tic et TOC
Le tic est un mouvement brusque, indépendant de toute pensée tandis que le TOC est un geste précis qui vise à répondre à une inquiétude.
Quelles sont les causes ?
Les progrès actuels des neurosciences, notamment la neuro-imagerie fonctionnelle, ont permis de montrer que plusieurs régions cérébrales des patients atteints de TOC avaient une hyperactivité anormale qui disparaît sous l’effet de traitements. Une approche neurochimique montre également le rôle central de la transmission sérotoninergique.
Pour bien comprendre ce point, il faut savoir que la sérotonine est un neurotransmetteur, c’est-à-dire une substance qui transmet l’influx nerveux entre les neurones et entre un neurone et un muscle.
Une baisse de l’activité des neurones sérotoninergiques, soit ceux susceptibles de fabriquer de la sérotonine, jouerait un rôle primordial dans le fonctionnement du cerveau, essentiellement en ce qui concerne l’humeur, l’émotivité ou encore le sommeil.
D’où l’emploi pour traiter les malades d’antidépresseurs, qui bloquent la recapture de la sérotonine.
Des analyses épidémiologiques ont aussi montré que le risque d’avoir un enfant atteint, lorsqu’un des parents souffre de TOC, est environ 10 fois plus important que pour la population générale. Mais il reste encore de nombreuses pistes à explorer notamment dans la génétique du TOC.
Population concernée
L’âge n’est pas un critère dans le développement d’un TOC, qui peut survenir à tout instant. Cependant, chez le sujet jeune spécifiquement, la maladie survient en moyenne vers l’âge de 12 ans, bien que des premières formes s’observent dès 5-6 ans. Elle se complique d’épisodes dépressifs majeurs dans 50 % des cas.
Dans tous les cas, le TOC arrive sans raison, même si, comme le souligne le Pr Lejoyeux « il faut en principe un terrain de personnalité obsessionnelle ». Le TOC peut apparaître progressivement en quelques mois ou années. Mais parfois, il arrive en quelques jours après un grand stress émotionnel. Il n’y a pas de signes annonciateurs.
Le TOC concerne autant d’hommes que de femmes. Les femmes ont plus de problèmes de souillure et les hommes plus d’obsessions d’erreurs.
Le traitement
Classiquement il associe des antidépresseurs à une prise en charge comportementale et cognitive. Celle-ci apprendre aux patients à calmer l’anxiété due aux obsessions, et à réduire ou éliminer les rituels compulsifs.
Comme l’explique le Pr Michel Lejoyeux, « dans les vraies formes de TOC, le patient guérit dans les trois quarts des cas avec un traitement de 6 mois à 1 an ».
Comment aider une personne souffrant de TOC ?
Il faut toujours garder à l’esprit que ceux qui souffrent de TOC ne peuvent éviter de pratiquer leur rituel. Pour l’entourage, l’assistance n’est pas toujours facile et requiert une grande psychologie. Les associations peuvent également être un recours pour assister et donner des conseils.
Faire et ne pas faire
Afin de vous déculpabiliser si quelqu’un de votre entourage est atteint de TOC, sachez qu’il n’y a rien à faire pour l’aider. Par exemple, fermer vous-même la porte devant une personne souffrant d’une obsession de doute afin de la rassurer ne servirait à rien. Elle ne pourrait s’empêcher de vérifier, puisque son cerveau produit les images qui l’angoissent.
Cependant, il y a quelques règles de conduite à respecter.
Pour un enfant ou adolescent :
Rester souple sans pour autant tout laisser faire.
Savoir écouter et faire sentir que vous comprenez sa souffrance sans pour autant assister.
Ne pas faire la morale.
Ne faire que ce que l’on se sent capable de faire.
Ne pas devancer sa peur.
Pour un adulte :
Ne pas juger.
Complimenter en cas même de petits progrès.
Source : http://www.tendance-sante.fr |