Appelée aussi dystrophie ovarienne, le syndrome des Ovaires Polykystiques (OPK) est l’affection hormonale féminine la plus fréquente. Derrière ce nom bien compliqué, se cache une affection très commune qui touche près d’un dixième de la population féminine en âge de procréer.
L’expression des ovaires polykystiques est marquée par un duo de symptômes quasi-constant et particulièrement caractéristique : l’arrêt ou l’espacement excessif des règles, et la tendance à l’acné et à l’hyperpilosité. Des symptômes qui peuvent être préoccupants chez une jeune fille en post-puberté…
Outre les préoccupations esthétiques des adolescentes acnéiques, nombre de questions peuvent se poser chez les jeunes femmes en désir de procréer. Car les OPK, ce sont aussi des ovaires qui ovulent difficilement. Et qui dit difficultés d’ovulation, dit difficultés à tomber enceinte.
Mais pas de panique, la plupart des femmes y parviennent, avec ou sans aide médicale. Malgré la fréquence de ce trouble, il ne cesse de poser question aussi bien aux experts, qu’aux jeunes femmes concernées, et reste ainsi auréolé d’un grand mystère.
Que sont les ovaires polykystiques ? Quelles en sont les causes ? Quel est le traitement ? Réponses.
Un dérèglement hormonal
Le syndrome des ovaires polykystiques est un désordre hormonal d’origine ovarienne qui induit une difficulté à ovuler, voire une anovulation (absence d’ovulation) qui se répète cycle après cycle.
Grâce aux avancées de la médecine, on sait aujourd’hui que le blocage de l’ovulation n’est pas la cause, mais plutôt la conséquence du dérèglement hormonal : entre autres, l’excès d’hormones mâles (hyper androgénie) et la résistance à l’Insuline (l’hormone du diabète).
Les symptômes
Les signes qui mènent au diagnostic d’ovaires polykystiques sont de trois ordres : l’absence ou l’espacement des règles (autrement dit l’aménorrhée ou l’oligo-ménorrhée), l’hyper androgénie clinique (visible) et biologique, et les anomalies échographiques.
La présence de deux de ces éléments suffit à faire le diagnostic d’ovaires polykystiques. Même si les symptômes restent caractéristiques de la maladie, leur intensité peut être variable d’une femme à l’autre. S’ils sont parfois évidents, voire gênants, ces signes peuvent tout aussi bien passer inaperçus.
Cette dernière situation est particulièrement fréquente chez les jeunes filles qui ont commencé à prendre la pilule très tôt après le début des règles, la pilule étant capable à elle toute seule de camoufler tous les symptômes.
> Aménorrhée ou oligo-ménorrhée
Le signe le plus remarquable est l’aménorrhée (arrêt des règles), ou l’oligo-ménorrhée (règles trop espacées). Elle survient en général pendant les premières années de règles, et suit une première phase de cycles quasi-réguliers.
> Acné et hirsutisme
L’hirsutisme (excès de pilosité) et l’acné sont des conséquences directes de l’hyper androgénie (excès d’hormones mâles - normalement sécrétées chez toute femme).
Leur caractère inhabituellement sévère doit donc mettre la puce à l’oreille. Car l’acné et le poil disgracieux sont encore trop facilement mis sur le compte de l’adolescence.
L’hyper androgénie peut également provoquer d’autres symptômes, tels que l’alopécie temporale (chute de cheveux au niveau des tempes) et le stockage abdominal des graisses. Plus rarement, l’hyper androgénie passe inaperçue, mais peut être dépistée en réalisant une prise de sang.
> A l’échographie
L’échographie est nécessaire pour faire le diagnostic d'ovaires polykystiques. Comme le nom de l’affection l’évoque, les ovaires prennent un aspect ‘polykystique’.
Cependant, contrairement à ce que croyaient les deux chercheurs américains, Stein et Levanthal, pionniers des études sur cette affection, les 'apparentes bulles d’air' visibles à l'échographie sur les ovaires, ne sont pas des kystes mais des follicules bloqués à un stade immature, qui n’ont pu aboutir à l’ovulation.
Le terme ‘ovaires polykystiques’ qui désigne la maladie est donc un vestige de sa première découverte en 1935, devenu en fait incorrect.
Pourquoi ça tombe sur moi ?
Bien que les causes des ovaires polykystiques restent à ce jour mal définies, de nombreux arguments vont dans le sens d’une origine complexe, à la fois génétique et environnementale.
Avoir les OPK serait donc en grande partie une conséquence de l’hérédité, sur laquelle l’environnement (stress, pollution, etc.) pourrait tout aussi bien jouer un rôle important.
Les conséquences sur la santé
Lorsque les hormones sont déréglées, c’est tout l’organisme qui en pâtit. Si le syndrome des ovaires polykystiques peut être la source d’une gêne dans la vie quotidienne, il expose aussi à toute une série de complications, plus ou moins évitables.
Le surpoids
Environ 50 % des femmes atteintes d’OPK ont un surpoids. Conséquence de l’insulinorésistance, cette tendance à la prise de poids serait aussi un facteur aggravant, voire une des causes du dérèglement hormonal.
Le risque cardio-vasculaire
Parce qu’elles souffrent plus fréquemment d’obésité, de problème de cholestérol, de diabète de type 2, d’hypertension artérielle, et de thrombophilies (prédisposition aux thromboses), les femmes porteuses d’ovaires polykystiques sont plus exposées aux complications cardio-vasculaires que la population générale.
Les problèmes de cholestérol concernent plus de la moitié des femmes porteuses d’ovaires polykystiques, et l’hypertension artérielle touche environ 20 % des cas.
Quant au diabète de type 2, on estime que plus de 10 % de ces femmes en seront atteintes lors de leur quarantaine.
Le risque de cancer
De nombreuses études scientifiques suggèrent que les femmes porteuses d’ovaires polykystiques auraient plus de risques d’être atteintes d’un cancer de l’endomètre (ou cancer du corps de l’utérus) que les femmes exemptes d’OPK. Cependant, ce lien n’est pas totalement clair, et il est possible que cette vulnérabilité soit plus liée au surpoids qu’à la présence d’OPK.
L’impact sur la fertilité
L’anovulation ou l’oligoanovulation chronique caractéristique des ovaires polykystiques, est responsable de troubles de la fertilité. Car un ovule non libéré ne peut être fécondé ! Il arrive même que le diagnostic d’ovaires poly kystiques soit fait dans le cadre d’une grossesse difficile à mettre en place.
Cependant, cette infertilité n’est ni totale, ni irrémédiable : la grande majorité des femmes atteintes d’OPK parviennent à tomber enceinte avec ou sans aide médicale.
Ce qu’il faut savoir est que la fertilité est très variable d’une personne à l’autre, et pour une même personne, variant au rythme d’ovulations plus ou moins irrégulières. Les occasions ‘fécondantes’ sont parfois plus fréquentes à certaines périodes, en particulier à l’arrêt de la pilule et après une perte de poids.
La grossesse
Les femmes atteintes d’ovaires poly kystiques ont plus de risques d'être victimes de fausses couches, et de complications obstétricales, telles que le diabète gestationnel, l’hypertension artérielle gravidique, le pré éclampsie et la prématurité.
Cependant, il est probable que ces complications soient plus liées au surpoids, très fréquent dans ce cadre, qu’aux OPK à proprement parler.
Les traitements
La perte de poids Si le surpoids, et plus particulièrement l’excès de graisses abdominales, accentue et participe au désordre hormonal inhérent au trouble, la baisse de poids améliore très nettement les fonctions ovariennes et les anomalies hormonales associées.
En diminuant le taux d’androgènes et la résistance à l’insuline, le taux d’ovulation s’améliore et les symptômes s’atténuent. Pour toutes celles qui ont un surpoids ou un ventre grassouillet, la perte de poids (de préférence encadrée par un nutritionniste) est donc la pierre angulaire de tout traitement des ovaires poly kystiques.
En guise d’encouragement, sachez que qu’une perte de poids de 5 à 10% chez une femme initialement obèse et atteinte d’OPK, permet un rétablissement de 55 à 100% de la fonction ovarienne (potentiel ovulatoire) dans les 6 premiers mois qui suivent la réduction pondérale.
La pilule Après la perte de poids, la pilule contraceptive reste le traitement le plus utilisé. Mais attention, le choix doit être fait par un médecin.
Car toutes ne sont pas indiquées. La pilule choisie doit être exempte de propriétés androgéniques. Les plus prescrites dans le traitement des OPK sont les pilules qui contiennent de la drospirénone (Yaz®, Jasminelle®, etc.), du fait de leur activité anti androgénique.
En plus de leur effet contraceptif, ces pilules permettent de réduire l’acné et l’hirsutisme et induisent artificiellement des règles régulières.
Par contre, elles peuvent aggraver la résistance à l’insuline. Les autres traitements Il existe de nombreuses autres thérapeutiques indiquées dans les ovaires poly kystiques, chacune agissant préférentiellement sur l’excès d’androgènes ou la réduction de l’insulinorésistance, mais leur utilisation reste anecdotique.
Deux traitements restent cependant plus prescrits que d’autres : les antis androgènes (Androcur®, Diane®), et la metformine, un antidiabétique qui agit à la fois en régulant le taux d’androgènes et en diminuant l’insulinorésistance. Parmi tous les traitements cités, seul ce dernier est compatible avec un désir de grossesse.
Que faire pour tomber enceinte ?
Comme le diagnostic d'ovaires poly kystiques est souvent fait au moment de l’adolescence, la question d’une grossesse ne commence à pointer son nez que des années plus tard. Alors que le projet d’enfant et la grossesse peuvent venir naturellement chez la plupart des femmes, les choses demeurent plus complexes chez celles qui sont atteintes d’OPK.
Mais, à toutes celles désireuses d’avoir un enfant : pas de panique ! Les ovaires poly kystiques ne rendent pas stériles ! D’ailleurs, on ne parle d’infertilité qu’après un an de rapports sexuels réguliers sans contraception n’aboutissant pas à la conception. Et ce cas est loin de concerner la majorité des femmes souffrant d'OPK.
En effet, même lorsque l’on est porteuse d’ovaires poly kystiques, on peut passer par des périodes de fertilité, en particulier dans les tous premiers mois qui suivent l’arrêt de la pilule ou la perte de poids.
C’est donc dans ces périodes-là, lorsque vos cycles sont encore réguliers, que vous aurez le plus de chances de tomber enceinte naturellement. Plus largement, toute perte de poids aide à restaurer les capacités fertiles naturelles.
N’hésitez donc pas à faire un régime juste avant d’arrêter la pilule pour potentialiser ces deux éléments ! Si, malgré ces conseils, la grossesse tarde à venir, plusieurs solutions se présentent :
> Pour améliorer la régularité de vos cycles naturels (et donc l’ovulation !), et en normaliser la fréquence (soit tous les 28 jours), votre gynécologue peut vous prescrire de la dydrogestérone.
> La metformine, citée plus haut, améliore la fertilité en réduisant l’insulinorésistance. Son usage pendant la grossesse reste controversé, mais semble réduire le risque de complications obstétricales, plus fréquentes chez les femmes atteintes d’OPK.
> Dans les cas d’infertilité avérée, vous pourrez avoir recours à l’induction ou la stimulation médicamenteuse de l’ovulation. Elle est très efficace et permet d’obtenir une grossesse dans près de 50% des cas, dont la majorité dans les 3 premiers cycles.
> Si les traitements précédents échouent, ou si une infertilité masculine s’ajoute au cas féminin, c’est vers la fécondation in vitro qu’il faudra se tourner.
A retenir
En conclusion, le syndrome des ovaires poly kystiques est un trouble fréquent qui, s’il peut entraîner quelques complications, n’empêche pas de vivre pleinement sa féminité.
Les deux points à retenir :
> La perte de poids et l’hygiène de vie (sport, alimentation saine, etc.) suffisent parfois à atténuer tous ses impacts, notamment sur la fertilité et le risque cardio-vasculaire.
> La majorité des femmes atteintes d’ovaires poly kystiques parviennent à la grossesse, et ce le plus souvent sans Procréation Médicalement Assistée (PMA).
Source : http://sante-az.aufeminin.com |